Gaïna, princesse d'Albac

Gaïna, princesse d'Albac

Mon histoire


La pension Aurora

Les Carpates Occidentales. C’est là que j’ai vu le jour ; dans ce pays que vous appelez la Roumanie. Je suis d’un naturel joyeux. Mes oreilles bien dressées sur mon crâne plat et ma queue toujours en panache me donnent l’air, quand je cours, d’un petit renard noir. Mon amour pour ma maîtresse, vous pouvez le lire dans mes yeux bruns et expressifs.

Je l’ai connue à Albac, en juillet 2014. J’étais à l’époque, une jeune adulte qui désespérait de trouver un jour une famille. Qu’elle soit canine ou humaine, je n’étais pas difficile. Comme tout le monde, j’avais besoin d’amour et j’en avais moi-même beaucoup à offrir. J’avais élu domicile dans le jardin de la pension Aurora qui se trouve dans le guide Michelin. Vous vous doutez que ce n’est pas sur ce critère que je l’ai choisie. Leurs poubelles étaient délicieuses et Max, le chien de la maisonnée, était un bon copain. En outre, il y venait des humains de très loin dont les odeurs étranges et exotiques étaient une invitation au voyage.

Cette humaine là aussi, celle qui allait devenir ma maîtresse, venait de très loin. Elle avait voulu fuir un gros chagrin en parcourant des kilomètres. La perte d’un être cher. Un profond sentiment de solitude que j’étais bien placée pour comprendre. Le jour, cela allait ; j’étais avec les humains et avec Max ; je me promenais quelques-fois dans le village et y faisais des rencontres… Mais la nuit, la nuit, j’étais toute seule. Les humains rentraient dans leur maison, Max avec eux. Et je restais à leur porte à couiner ma détresse. En vain.

L'humaine a commencé à me caresser. J'aimais ça. Je me suis mise sur le dos et lui ai demandé de continuer. Elle a ri et m'a demandé comment je m'appelais. Je n'ai rien répondu.

Plus tard, lorsqu’elle a apprit que j’étais un chien errant, elle a d’abord pris un air incrédule car il lui avait semblé qu’avec mon bon caractère j’avais forcément quelqu’un (c’était sa première visite en Roumanie) puis, tout en continuant de caresser mon ventre que je lui offrais, elle a murmuré : « Je vais t’appeler Gaïna». Quelques jours avant notre rencontre elle s’était rendue à une fête célébrant les jeunes filles sur une montagne appelée Muntele Găina. « Je vais t’appeler Gaïna, comme la montagne ». Et elle a continué à me parler, me susurrant des choses gentilles ; des phrases commençant ou se terminant par le mot « Gaïna ». Mon nom. J’avais maintenant moi aussi, tout comme Max, un mot magique rien qu’à moi dans la langue des humains. Et j'allais y répondre !

 

rencontre-a-albac.jpg

Là, c'est moi. C'est le matin et ma maîtresse vient de dire mon nouveau nom. J’accoure !!


20/01/2015
0 Poster un commentaire